- dépriser
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• v. 1361; desprisier v. 1175; de dé- et priser♦ Littér. Apprécier au-dessous de son prix, de sa valeur. ⇒ déprécier, mésestimer, sous-estimer. Dépriser l'œuvre de qqn, dépriser un auteur. « Ce poète déprise les mots » (Valéry) . ⊗ CONTR. Surestimer.⇒DÉPRISER, verbe trans.Porter un jugement défavorable sur la valeur de quelque chose ou de quelqu'un :• ... et comme son goût changeait souvent, il était fréquent de l'entendre dépriser par un raisonnement subtil une œuvre que peu auparavant il avait placée au-dessus de toute autre. Je l'avais trop écouté. Par ces rabaissements successifs il avait abouti à me démontrer l'imperfection de tout ce que j'avais lu.LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 169.PARAD. a) (Quasi-)synon. dégrader, déprécier, mépriser, mésestimer, sous-estimer, rabaisser. b) (Quasi-)anton. priser, surestimer.Rem. On rencontre ds la docum. a) L'emploi adj. déprisé, ée. Ses études achevées, déprisées, reconnues presque vaines (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 15). b) Le subst. masc. dépris, vx. Action de dépriser; résultat de cette action. L'explication courante ne tient pas du dépris où fut maintenue la pléiade félibréenne pendant près de soixante ans :« C'est écrit en patois, donc incompréhensible » (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 119).Prononc. et Orth. :[
], (je) déprise [
]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. XIIe s. agn. depreiser « déprécier » (GROBER, Altfranzösische Glossen ds Strassburger Festschrift zur XLVI. Versammlung Deutscher Philologen und Schulmänner, p. 43); 1. 1225-30 « s'attaquer à la réputation de quelqu'un; l'exposer au mépris » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 1037); 2. XIIIe s. [ms.] « ne pas prendre en considération, mépriser » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. W. Foerster, 3564, var. ms. H); 3. 1370-72 « estimer au-dessous de sa valeur » (ORESME, Eth., 255 ds LITTRÉ). Dér. de priser; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :22.
dépriser [depʀize] v. tr.ÉTYM. XIIe-XIIIe; XIIe, depreiser; desprisier, v. 1175; de 1. dé-, et priser.❖♦ (1370). Littér. Apprécier (qqn ou qqch.) au-dessous de son prix, de sa valeur. ⇒ Déprécier, mésestimer, sous-estimer. || Dépriser l'œuvre de qqn, dépriser un auteur. || « L'envie s'efforce de dépriser les belles actions. La grandeur d'âme méprise la vengeance » (Littré).1 Je ne prétends pas dépriser Corneille : mon commentaire n'est ni un panégyrique ni une censure (…)Voltaire, Commentaires sur Corneille, Polyeucte, t. 48, p. 360.1.1 Je ne dis pas que le « délice sans chemin » ne soit le principe et le but même de l'art des poètes. Je ne déprise pas le don éblouissant que fait notre vie à notre conscience, quand elle jette brusquement dans le brasier mille souvenirs d'un seul coup.Valéry, Variété, p. 72.2 (…) il (Gœthe) dit encore à Eckermann qu'il n'est pas de discours qui vaille un dessin, même tracé au hasard par la main. Ce poète déprise les mots.Valéry, Variété IV, p. 110.❖CONTR. Priser, surestimer.
Encyclopédie Universelle. 2012.